Article très intéressant avec des témoignages qui apportent beaucoup et que l'on a rarement l'occasion de voir ! Félicitation pour ce travail. Si je peux me permettre de donner un avis personnel, je dirai concernant le made in china que tout est question de proportion. c'est vraiment plaisant de voir que Ming Yin et d'autres proposent des produits fabriqués dans de bonnes conditions, et dans ce cas c'est un réel plaisir que de pouvoir permettre à ces ouvriers de gagner leur vie. Mais quelle part de la production chinoise ces conditions représentent-elles ? En ce qui me concerne c'est la question la plus importante. Si on parle de Foxconn (sous traitant de Apple) qui a connu une "vague de suicides" (http://www.lefigaro.fr/interna... et qui a été très médiatisé l'année dernière suite à des émeutes contre des conditions de travail misérables, on voit bien que deux réalités se confrontent (car ce sont de faits qu'il s'agit, et les exemples sont nombreux). Sur le Made in France, c'est affectivement navrant de voir que la réglementation en vigueur a totalement vidé de son sens cette appellation, mettant en valeur le fait que sur le sujet les américains sont plus conservateurs que nous (c'est dire !). En ce qui me concerne, le made in france n'est pas une fin en soi, c'est plutôt le "made with integrity" qui a une valeur. Un tshirt à 9€ pour moi c'est un produit qui n'est pas à un prix "juste", et qui implique forcément un "sacrifice" derrière, que ce soit sur la main d'oeuvre ou les matières premières. Enfin, concernant le luxe, là je me permets d'être plus radical. Le prix auquel sont vendus les produits repose, si on adopte une vision "conservatrice" du luxe (voir l'ouvrage de JN Kapférer et V Bastien "Luxe Oblige") , sur la valeur intrinsèque du produit. Pour moi, une paire de chaussures à 500€ fabriquée en chine pour économiser sur la main d'oeuvre et augmenter la marge ce n'est pas un produit de luxe, c'est un bien de grande conso à très forte marge. Dana Thomas l'explique à merveille dans son extraordinaire (je pèse mes mots) ouvrage "Luxe & Co : comment les marques ont tué le luxe", dans lequel elle montre que les gestionnaires ont remplacés les artisans et les passionnés à la tête des marques de luxe, entrainant par la même une détérioration de la notion même de luxe notamment en recherchant une baisse des coûts du travail et des matières.
En tout cas merci de permettre d'aborder ce sujet si passionnant ! C'est courageux et ça peut permettre de bons échanges :)